Chez Artistik Bazaar, nous aimons faire appel aux artistes pour observer le monde à leur manière. Ils nous permettent de mieux le voir, de le comprendre, de le questionner, de nous en émouvoir. Ils nous font cheminer dans notre humanité intime et collective. En cette période inédite, les artistes et leurs oeuvres sont comme des coachs qui nous permettent d'avancer, de voir les choses sous un nouvel angle, de développer nos softs skills toujours plus précieuses (adaptabilité, créativité, intelligence émotionnelle...), de tenter de donner du sens à ce que l’on vit.
Chaque semaine, nous vous partageons les démarches artistiques et les oeuvres qui éclairent le moment que nous vivons. Cette semaine : la gestion de l’incertitude
Même si une date semble signer un semblant de retour à l’ordre, un plan auquel se référer, le “11 mai” ne répond pas à toutes les questions que l’on se pose sur l’”après”. Alors que Volatilité, Incertitude, Complexité et Ambiguïté (VICA) sont les composantes exacerbées de nos vies contemporaines : comment faire face ?
La gestion de l’incertitude vue par :
- Tatiana Vilela Dos Santos et son installation Contre-ciel : Créer ses propres règles pour maîtriser le ciel.
Tatiana créer des expériences ludiques: jeux numériques, analogiques, installations interactives, toujours basés sur des interfaces originales, mêlant nouvelles technologies, objets du quotidien et poésie. Avec Contre-ciel, elle offre au joueur la possibilité de maîtriser le ciel, la danse des nuages, le temps qu’il y fait et le temps qui passe. Mais pour cela, il doit utiliser un piano comme une pierre de rosette pour, en procédant par test erreur, déchiffrer les règles du jeu.
- Egor Kraft et le Content Aware Studies : Le machine learning pour reconstituer le passé
Avec Content Aware Studies, Egor Kraft, artiste multimédia russe, étudie les possibilités offertes par les technologies d'IA et d'apprentissage automatique pour mener une reconstitution historique et faire émerger une nouvelle forme esthétique. Retour vers le passé par le futur, en quelque sorte. Le protocole développé consiste à reconstituer les fragments perdus de sculptures et de frises de l'antiquité classique en générant des formes qui, n’ayant jamais existées, sont pourtant caractéristiques de cette époque.
L’IA compile des milliers de scans 3D de sculptures classiques issus des collections de musées internationaux (British Museum, Metropolitan, etc.) puis l'algorithme génère des modèles, qui sont ensuite imprimés en 3D dans divers matériaux synthétiques, remplissant les vides dans les sculptures de marbre érodées et endommagées.
Avec cette démarche, ce que l’on sait du passé devient le matériau de base pour construire et structurer le futur. Et l’écart entre ce qu’étaient ces statues antiques et leur nouvelle version proposée par l’IA prouve à la fois la puissance de l’outil et la vanité de notre quête de maîtrise du processus historique.
Alors si la tentation pourrait être de faire l’autruche, il nous reste à accepter l’incertitude comme une composante inhérente à nos vies humaines et à développer notre confiance :“Le paradoxe de la confiance en soi, c’est qu’elle convoque en même temps la maîtrise et l’abandon. Il faut trouver une juste voie entre la surcompétence et le contrôle et l’abandon total au mystère du monde.” Charles Pépin
