Inoffensif [titre provisoire]

 

 

Souvent, je me dis « A quoi bon ? ». C’est la question de la goute dans l’océan, de l’impact de l’action individuelle sur le groupe. Je me dis ça pour le tri des poubelles par exemple. Honnêtement, dans le métro, est-ce que vous croyez qu’une seule des poubelles jaunes n’est remplie que de papiers et plastique non alimentaires ?

Je me dis ça pour la mobilisation des intermittents. C’est le gros foutoir, de fond et de communication. Je ne suis pas d’accord avec le gouvernement, pas d’accord avec les manifestants, mais à qui bon essayer de définir et de défendre une troisième voie ? Serais-je entendue ? Est-ce si primordial pour moi que je suis prête à essuyer critiques et prises à partie ? A quoi bon, alors qu’en haut lieu les décisions sont prises ? Et dans ce cas précis, mon « A quoi bon ? » se double d’une « Pourquoi moi ? ». Pourquoi moi qui ne comprends pas tout ? D’autres le font mieux que moi, ont plus de compétences que moi, sont experts. Et puis moi, vous comprenez, entre le métro, le boulot, la crèche, ma copine Machin qui déprime et mon petit frère qui cherche un stage, je me contente du service minimum. C’est à dire que j’ai souvent un avis, que je vais voter à chaque élection, que j‘exhorte mon entourage à le faire, mais j’assume mes limites : j’achète parfois bio et parfois Mac Do et je prends des bains (vous noterez que dans toutes les interviews écolo-people, l’actrice-mannequin-it girl avoue que son petit plaisir pas bio assumé c’est soit de prendre l’avion trois fois par semaine, soit de prendre des bains, avec un tas d’huiles dedans).

 

Enfin bref, pour revenir à Avignon et au spectacle que nous avons vu jeudi à 12h15 au Girasole : sommes-nous inoffensifs ? Quel est notre impact, quel peut-il être sur la planète, le pays, le monde ?

Jérôme Rouger a voulu faire un spectacle sur la politique, ou le politique. Bref, il a compris que c’était un sujet compliqué. Comme il est sympa, il n’a pas voulu nous prendre pour des cons, il essaie de poser les enjeux, de faire passer 2-3 clefs de compréhension, de mettre les choses à plat et sans donner de réponse, de nous faire nous poser des questions.

Nous, génération proclamée Y, une fois qu’on a admis que Zorro, même en se pressant, n’arriverait jamais, qu’est-ce qu’on fait ?

 

Accompagné d’un musicien, Jérôme Rouger met en abîme la construction de son spectacle pour nous faire cheminer avec lui. La forme est décalée, sous l’engagement la poésie affleure, et à mes « A quoi bon ? » j’ai envie de répondre « Essayons ».

 

 

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du 5 au 27 juillet au Théâtre du Girasole

Compagnie La Martingale

Texte et conception: Jérôme Rouger

Avec Jérôme Rouger et Patrick Ingueneau

Musique originale: Patrick Ingueneau

Création lumière: Cédric Ridouard,

Montage son: Laurent Baraton,

Création vidéo: Elisabeth Boisson

 

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