Filiations ou les enfants du Silence

Il est des spectacles que l’on peut voir plusieurs fois. Pour lesquels la répétition est souhaitable.

Il est des histoires qui méritent que l’on soit attentif, à l’écoute.

Il y a des fresques tellement riches qu'une fois ne suffit pas à tout voir, tout comprendre, tout accueillir.

Sur scène, Karim, Leïla et trois acolytes veulent fabriquer un spectacle qui nous laisse libre. Libre d’écouter, de voir, de comprendre, d’arrêter d’écouter pour regarder mieux, penser un instant et se replonger dans le récit qu’ils nous livrent par bribes : leurs histoires.

Pour mieux aborder des problématiques aussi caractéristiques de notre époque qu’elles sont douloureuses - l'émigration, l'immigration, la place de la femme et la question de la féminité dans nos civilisations, la construction identitaire, la filiation - ils dressent le tableau de leurs trajectoires intimes et nous parlent de la difficulté de se construire, surtout quand le père est absent, loin, mort ou enfermé dans le silence.

 

On embarque avec la Compagnie de l’œil brun comme on part en mer. Une voile se hisse et sur elle se projettent les images. Dans la pénombre, sur une toile transparente, un savant un peu fou met sur la réalité des mots et des couleurs, des filtres qui ajustent notre rapport au monde et à nous-mêmes.

Comme lors d’une croisière où l’on découvre petit à petit ses compagnons de voyage, sans pathos mais sans fard, Leïla et Karim racontent leur histoire :

    Un père harki mort l’année de ses quinze ans, la vie d’une famille nombreuses dans une petite ville de la province française, être l’avant-dernier, et la peur irraisonnée de retourner « là-bas » ;

    L’union romantique et militante d’une jeune française avec un étudiant Djibouti qui ne résiste pas aux traditions ancestrales, le retour en France en pleine adolescence, le reniement du père à assumer pour gagner sa liberté.

 

Des sujets graves qui sont abordés sur le trajet mais n’occultent pas le bonheur de la traversée : on est là pour raconter des histoires, rire, chanter, faire du beau et du moins beau avec du vrai.

 

 

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Filiations ou les enfants du silence

du 5 au 27 juillet à 10h30 au Théâtre Girasole (04 90 82 74 42 / 04 90 89 82 63)

Texte de Leïla Anis
et récits témoignages de Karim Hammiche
Mise en scène : Karim Hammiche
Jeu : Leïla Anis, Karim Hammiche, Anne Davienne, Benjamin Gibert, Eric Minette
Chant : Anne Davienne
Création musique : Benjamin Gibert
Création lumière : El Mekki Arrhioui
Scénographie : Eric Minette
Spectacle tout public, à partir de douze ans / Durée 1h15

 

http://compagnieoeilbrun.blogspot.fr/

 

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